Rajasthan
Plus grand Etat indien, abritant les cités les plus réputées du pays, désert romantique s’il en est, le Rajasthan, Pays des Rois en hindi, est sans aucun doute l’une des provinces les plus fantasmées du sous-continent.
Situé dans la partie nord-ouest de l’Inde, accoudé au Pakistan et niché juste au-dessous de Delhi et à un jet de pierre d’Agra et son Taj Mahal, le Rajasthan dévoile sur l’ensemble de son territoire une culture et un patrimoine à nuls autres semblables.
Assis sur une terre sèche et poussiéreuse qui fait penser aux westerns d'antan, ou encore à la lenteur lancinante des caravanes de la Route de la Soie, le Rajasthan émerveille le visiteur grâce à de multiples trésors.
Des villes musées à ciel ouvert
Ses joyaux les plus réputés à travers le monde sont sans conteste ces villes citadelles, inscrites à l’Unesco, hautes en couleur et à l’identité individuelle si puissamment et délicatement marquée à la fois. Pour les plus iconiques d’entre elles, chacune porte une couleur représentative, qui pare les murs de l’agglomération, lui façonne une personnalité propre, et crée un arc-en-ciel de cités qui n’existe qu’ici. On appelle d’ailleurs souvent les sites rajpoutes des galeries à ciel ouvert, tant leur patrimoine culturel se lit aisément sur les parois de ses cités. Pas besoin de parcourir des musées, il suffit de marcher dans la ville.
Jaipur la Ville rose, sa capitale née de l’imagination de Jai Singh II, son fondateur, et peinte tout en rose à l’occasion de la visite du prince Albert au XIXe siècle, recèle des chefs-d’œuvre architecturaux immanquables. Le Palais des Vents, ou Hawa Mahal, dont l’ingénieux design original permettait aux dames du harem du souverain d’observer la rue sans être vues en retour. Le City Palace, également de couleur rose, sert toujours aujourd’hui partiellement de résidence au maharadjah actuel, le reste de l’impressionnante construction faisant office de musée pour les curieux du patrimoine local. On y notera tout particulièrement les Ganjajelies, deux urnes formidables de 375 kg, ayant une contenance de près de 4 100 litres chacune, créées pour approvisionner en eau du Gange le maharadjah Jai Singh II lors de son périple pour le couronnement d’Edouard VII à Londres en 1901. Le souverain dévot avait décrété ne souhaiter boire que de l’eau sacrée du Gange lors de son voyage, et pu s’y tenir grâce à la création de ces formidables pièces artisanales. Les urnes en argent figurent d’ailleurs sans surprise dans le livre Guinness des records des plus grands objets en argent au monde.
Également, Yantra Mandir, l’observatoire astronomique de la ville, fait partie de ces nombreux observatoires construits sur ordre de Jai Singh II dans l’ensemble de la région. On y trouve différents astrolabes, cadrans solaires, scaphés, hémisphères et autres instruments d’une précision redoutable.
Udaipur, la Ville blanche, dite la Venise de l’Orient, accueille de nombreux palais disséminés autour de ses trois lacs, Pichola, Fateh Sagar et Swaroop Sagar. Elle aussi dispose d’un City Palace composé de multiples bâtiments royaux au style éblouissant et de lieux de fête, pour la célébration de l’Holi entre autres, la fête des couleurs qui se déroule lors de l’équinoxe de printemps. On aime tout particulièrement parcourir la ville à bord d’une romanesque barque sur le lac Pichola, à l’abri de l’habituelle chaleur écrasante de la région. Prochaine étape, on ne manquera pas le remarquable temple Jagdish, dédié à la divinité Vishnu, qui impose le respect du haut de ses 22 mètres de sculptures et gravures. Enfin, l’artisanat fait aussi la richesse de la cité à travers ses bazars, sa vieille ville et la qualité de ses tissus et autres créations de travail sur bois.
Jodhpur. La Ville bleue porte ce nom car la majorité des habitations de la localité est peinte de cette couleur, celle des membres de la caste des brahmanes, majoritaire ici. La cité étant dotée d’un fort ensoleillement et la couleur bleue permettant de repousser les moustiques et réduire la chaleur, le choix de couleur s’avère également doublement pratique pour la population. On y retrouvera le fort de Mehrangarh, qui est sa principale attraction et visible de partout dans la ville, son Sadar Bazar où se perdre des heures à la recherche d’artisanat local, ou encore Ghantar Gar, un exemple unique d’architecture britannique dans la région.
Jaisalmer, la Ville dorée, est une authentique cité du désert. Sa couleur la fait se fondre dans le paysage. Située autrefois sur la Route de la Soie, elle dévoile aujourd’hui ses havelis, son lac et sa vieille ville aux voyageurs conquis. Les Cénotaphes Bara Bagh préservent les tombes royales tandis que le lac Jaisalmer offre une halte bien méritée aux visiteurs essoufflés par des températures bouillonnantes.
Pushkar. Centre sacré de pèlerinage depuis plus de mille ans, Pushkar accueille la foire éponyme autour de son lac sacré chaque année. Les pèlerins hindouistes viennent ici rendre hommage au grand temple de Brahma, le seul en existence dédié au créateur. On compte près de 2 000 fidèles à s’y rendre par jour et ce, hors cérémonie particulière. La cité blanche -elle aussi- est un lieu de méditation et de sérénité, une ville sainte où il convient donc de se tenir particulièrement respectueux des traditions et habillements locaux. En novembre, Pushkar organise la plus vaste foire aux dromadaires au monde, où des nomades se rendent à partir de nombreux pays pour trouver la bête de leur choix.
Bikaner. Au nord de Jodhpur et Jaisalmer, à l’ouest de la belle Jaipur, le “Pays des chameaux" égrène une atmosphère plus calme, moins agitée que les grandes métropoles indiennes. Pour autant, elle est vibrante et offre des merveilles architecturales bien préservées malgré de nombreux siècles d’existence. On s’y promène avec délice entre les havelis splendidement décorés, dont les plus célèbres sont certainement Rampuria et Kothari, et le fort de Junagarh, de grès et de marbre vêtu, qui mêle des influences allant des Moghols à l’Europe occidentale. On ne manquera pas non plus l’insolite temple des rats de Deshnok Karni Mata, à une encâblure de la ville, la Camel Farm regroupant 230 espèces de camélidés, ou encore le temple jaïn de Bhandasar, un des rares au monde à exposer des peintures dépeignant la vie des 24 tirthankara, ou maîtres jaïns.
Mandawa. Première ville de Shekhawati à s’être ouverte au tourisme, Mandawa est avant tout réputée pour ses nombreux havelis aux murs recouverts de fresques, ainsi que son château-fort, aujourd’hui décliné en hôtel spa, toujours visitable malgré la privatisation du lieu. Plutôt récent par rapport aux citadelles habituellement érigées au XVe siècle, ce fort du XVIIIe siècle aux arcades splendides abrite ainsi désormais l’un des plus beaux hôtels de la région. Une belle opportunité pour profiter de la magnificence de l’endroit pour passer la nuit dans la chambre d’un maharadja, ou en bénéficiant des traitements ayurvédiques d’un centre de soins de haut niveau.
Ranakpur. Contrairement aux précédentes, Ranakpur est plutôt considérée comme une ville de taille modeste dans l’Inde d’aujourd’hui. Localisée à mi-chemin entre Udaipur et Jodhpur, elle est facile à intégrer dans un itinéraire comprenant ses prestigieuses voisines. Ce qui la rend particulièrement originale est son temple jaïn, formidable à la fois quant à ses matériaux, ses dimensions et la singularité de son ouvrage. Le temple d'Adinath est un phénoménal lieu de culte construit exclusivement à partir de marbre blanc et soutenu par 80 dômes, 29 salles et 1444 colonnes, tous uniques. Chaque élément et chaque pilier sont gravés sur leur intégralité de figures de faune et de flore. Le niveau de détail, de précision et d’art atteint dans cet ensemble en fait un des plus importants des pèlerinages jaïns.
Les forts d'un peuple guerrier
Après des siècles de confrontations, les rajpoutes sont reconnus pour leur ardeur au combat et leurs instincts guerriers. Difficile de ne pas reconnaître l’ingéniosité de leurs stratèges militaires lorsqu’il s’agissait de prendre les armes pour régler leurs fréquents désaccords avec leurs voisins, ou de concevoir puis construire des ouvrages défensifs leur permettant de sauvegarder leur territoire face aux populations ennemies.
Amber
Centre névralgique du Rajasthan avant que le maharadjah Jai Singh II ne décide de construire Jaipur, Amber a abrité pendant 600 ans les trésors du Rajasthan. Sa position raide à flanc de coteau donne presque le vertige, et force est d’admirer l’état toujours irréprochable de cet édifice encore aujourd’hui.
Jaisalmer
Née au douzième siècle, la Ville dorée est encore très active aujourd’hui, sans doute en raison de sa construction singulière, en tant que citadelle fortifiée. Elle est d’ailleurs souvent comparée à la ville de Carcassonne pour leur similitude rare dans ce domaine. Édifiée en hauteur, elle est idéalement placée pour voir arriver l’ennemi et son fort permet de protéger l’ensemble de sa population. Si elle a connu récemment quelques incidents malheureux, dont entre autres un violent tremblement de terre et une surexploitation touristique, elle met aujourd'hui tous les atouts de son côté afin de faire renaître sa superbe.
Chittorgarh
Plus grande forteresse du pays, elle ne se parcoure pas aisément à pied ! Chittor garh, littéralement le fort de Chittor, était la capitale du Mewar avant Udaipur. Il comprend 4 palais, 65 structures historiques, 5 km de long, 600 m de large et 170 m de hauteur. C’était un haut-lieu du Jauhar, tradition dramatique consistant pour les femmes et enfants à se jeter sur un bûcher funéraire pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi. Heureusement ces pratiques d’un autre temps n’ont plus cours dorénavant.
Kumbhalgarh
Longue de 36 km, la forteresse de Kumbhalgarh se voit de loin et sa vue s’étend jusqu'à la chaîne des Aravalli voire le désert du Thar. Construite en grès, et rassemblant en son sein plus de 300 temples hindous et jaïns, elle fait naturellement partie de l’ensemble des forts de collines du Rajasthan reconnu au patrimoine de l’Unesco.
Ajmer
La cité médiévale d’Ajmer est réputée des amoureux des sites historiques. Nichée au cœur du Rajasthan, c’est une de ses plus anciennes villes. Si elle dispose d’un populaire sanctuaire blanc en son centre, c’est bien le fort (et son musée) d’Akbar qui fait sa renommée, particulièrement en tant que merveille architecturale de l’art moghol. Une bourgade cosmopolite qui mêle influences mogholes, rajpoutes et musulmanes, avec ossements, mosquées et dargahs.
Le Rajasthan est une des provinces mythiques de l’Inde d’hier et d’aujourd’hui. La simple évocation de son nom génère une impression de nostalgie indicible aux couleurs de ses villes au patrimoine artisanal, religieux et architectural inestimable et plusieurs fois séculaire, de ses festivals multicolores, ou encore de la douceur sans âge de son rythme, à la poésie musicale et sensuelle d’un voyage en train, ou à dos de dromadaire. Le Rajasthan, plus encore que le reste de l’Inde, se visite à dos d’animal ou d’un cheval d’acier, de façon lente et saccadée, comme perdu à une époque révolue qui n’a peut-être jamais existé. Où l’on se perd dans les charmes du voyage, dans un autre temps, un autre ailleurs.